2013 november 3, NYC, USA.
Lever à 4 h du matin, petit déj à 4h30 et départ dans les premiers bus à 5h45, ça y est, ce coup-ci on y est vraiment. Enfin. Parce que hier a été long, entre l'envie de visiter New-York où on venait pour la première fois et la volonté de ne pas trop marcher pour ne pas se "casser" les jambes. Surtout l'envie de partir, enfin, et de ….. savoir.
Savoir si on va le faire et combien de temps on va mettre. On n'a aucun repère, on n'a jamais fait aussi long et en course. Sandrine le fera, c'est sûr, son deal à elle c'est le chrono. Pour moi c'est différent, je veux passer la ligne. Mais depuis quelque temps, je calcule. Pourtant je me dis qu'il ne faut pas me fixer des objectifs de temps. Du reste, JC et Elyan m'ont dit de ne pas m'occuper du chrono. Mais c'est plus fort que moi, de toute façon, je ne me vois pas abandonner, c'est hors de question, donc je calcule et je me vois autour des 5 heures, j'espère moins.
Il fait froid. Il y a un vent glacial et on attend super longtemps. On voit Philou, il est prêt et on l'encourage quand il entre dans son corail. Il part à 9h40, wave n.1, c'est ça les élites!
Nous c'est à 10h30. On aura attendu 3h30, au moins, dans le froid.
Coup de canon, c'est parti pour notre wave n.3. Encore quelques minutes avant de franchir la ligne, mais pas trop, c'est bien organisé. On attaque le pont Verrazzano. On se regarde, Sandrine et moi.
On vient de prendre le départ du marathon de New-York, c'est incroyable.
Si on m'avait dit que je ferai un Marathon un jour … c'est ça oui, t'as qu'à croire.
Passé les premiers kilomètres, je dis à Sandrine que je vais attaquer le Cyrano, 9 mn de course, 45sec de marche. Je veux assurer. J'ai déjà passé les 3 premiers paliers sans m'arrêter, donc j'attaque maintenant et je lui dit donc bye bye Chérie, see you later et éclate you.
Cette méthode est pas mal, bon nombre de Pacmen l'ont utilisée pour leur Marathon et, étant néophyte, je préfère suivre les conseils de coureurs avisés, VOS conseils chers Pacmen. Durant toute la course, j'ai eu des pensées pour l'un, l'une, ou l'autre d'entre vous qui m'ont conseillé. Mais j'y reviendrai. Donc, nous voici dans Brooklyn. Quelle ambiance !! des milliers de New-Yorkais sont descendu dans la rue pour nous encourager, nous applaudir, shaker les hands en passant. Et combien de " alleii la F'ance" (à lire avec l'accent américain). Oui car j'ai fait faux bond au Pac et j'ai un tee-shirt avec un gros France écrit dessus.
Toute la montée de Brooklyn, puis du Queens est incroyable. Des orchestres de rue partout, des groupes de rock, du gospel, une jeune (future) star qui chante version StarAc, et du monde, du monde, partout, partout.
C'est exactement ce qu'on a lu dans le récit "follow the blue line", qui décrit exactement ce qu'on voit aujourd'hui. Je dis "on" bien que Sandrine m'ait largué depuis longtemps.
On sort du Queens et on revient sur Manhattan, la mi-parcours est passée, je me sens super bien. Je continue mon Cyrano, 9mn / 45sec. Parfois, quand la marche correspond à une descente, je trottine au lieu de marcher, mais ça va bien.
La remontée de Manhattan n'en finit pas, on entre dans le Bronx, on est au km 34 quand je ressens 2 crampes aux quadriceps. Merde, je n'avais pas pensé aux crampes. Je m'étire. Je me fais prêter un rouleau pour rouler les muscles par une Bénévole Croix-Rouge. Je repars. 20 mètres plus loin, rebelote. La guigne. Je marche, je plie les cuisses pour tirer sur les quadriceps, ça ne passe pas. Tant pis, je repars, et je pense à JC qui m'a dit de ne pas m'écouter. OK, mais bon, les crampes, c'est un truc qui a du mal à disparaître au milieu de l'effort. 11"39s du 34ème au 35ème km !!! Il reste 8 bornes. Mon rythme baisse de plus en plus, je ne peux plus respecter mon Cyrano, mon temps vole en éclat. Qu'est-ce que j'ai fait, ou pas fait. Pourtant j'ai bu régulièrement à chaque Cyrano, j'ai mangé mes barres tous les 10km. Les boules. Bon, on ne va pas se lamenter, la ligne est en bas de cette foutue ligne droite qui descend à central Park, je descends et puis c'est tout.
Un nombre incroyable de personnes me double. Le coureur régulateur d'allure du 4h30, avec sa pancarte me double aussi. Merde, j'étais pas mal alors.. et tout s'écroule.
La descente est assez dure, mes cuisses me rappellent qu'elles sont là. Je perds un temps incroyable sur les derniers kilomètres, tous ces coureurs qui me doublent. J'essaie de puiser des forces dans des images qui passent, famille, amis, paroles, conseils, etc… C'était "le mur" ou la préparation musculaire insuffisante ou les deux.
Je décide d'arrêter de m'apitoyer sur mon sort et plutôt de profiter de ce moment, de cette course que je ne referai certainement pas, de ces gens qui continuent de crier, "you did it", only 2 miles, 1 mile, half a mile, "allez la France" (il y a des Français aussi qui sont là). La ligne arrive lentement. Ca y est, je l'ai fait. ON l'a fait puisque je suis sûr que Sandrine n'a pas eu de problème et qu'elle est déjà là.
Finisher. Je regarde ma montre : 5h07, j'aurai pu (dû) faire mieux et ….44km??..bizarre.
Sandrine l'a fait en 4h29 dont 9 minutes d'arrêts aux stands-toilettes. Elle est un peu déçue parce qu'elle pensait faire mieux. Enfin, elle s'est tapé Marie-Josée Perec, triple championne olympique, double championne du monde, etc….
C'était notre premier Marathon, en plus à New-York. Donc OK on ne va pas faire les fines bouches.
Surtout pour moi, avec une préparation aussi courte qui a commencé au trail de St Ferreol en juillet.
Tout au long du parcours j'ai eu des pensées pour bon nombre d'entre vous, Pacmen et Pacwomen. Sans vous, je ne serai pas parvenu à y croire, à croire que je pouvais le faire, vous m'avez conseillé, vous m'avez encouragé, vous m'avez soutenu, vous m'avez motivé, vous m'avez persuadé. MERCI un grand MERCI. Je vous suis très reconnaissant. Vous êtes un super groupe, un super club, des supers mecs et des super femmes.
Bon, on arrête là, la particularité du texte informatique c'est qu'on ne voit pas les émotions comme avec l'écriture qui tremble ou la larme qui vient entacher le mot Fin.
Bizatous.
"Alleii the PAC"
