Nouvel ultra dans les Pyrénées : les 100 Miles du Sud de France
Fin Aout, je m’inscris. Je me vois beaucoup de temps devant moi, mais comme toujours la préparation pour un tel rendez-vous est à mon avis un peu faible.
Au total, des sorties « classiques » de 1h 2h sur Toulouse et ses coteaux, et pour le denivelé une sortie au Montcalm, le trail de Piau et celui du Pacte des Loups, de quoi me faire les cuisses et me rassurer sur ma capacité à enchainer les montées et les descentes.
Je suis en forme, pas blessée, et très motivée à l’idée de faire cette traversée mythique. Je connais et apprécie enormément Argeles et Font Romeu, et l’idée de pouvoir joindre les deux m’attire tout particulièrement. C’est un truc à faire comme j’aime bien le dire…
Après notre arrivée vers 11h à Font Romeu, Thomas et moi retrouvons le reste de la bande du PAC : Renaud, Manu, Mariano et Jérôme. Cela fait plaisir de ne pas être seule…pas vraiment de mauvais temps mais des sommets accrochés par les nuages, et une temperature digne d’un automne en montagne….est-ce que cela tiendra pendant la nuit ou aurons-nous droit à la pluie ? nous partageons ensemble nos previsions de temps de course…c’est assez partagé : 2 nuits dehors ? parcours technique ?...je crois avec le recul que nous avons tous sous-estimé ce qui nous attendait ;-)
Le départ est donné à 15h, et le début est très roulant, la vitesse est élévée. Je n’ai qu’une hâte : que ça se calme un peu…ça va en effet assez vite se calmer…
Un ravito, les premiéres ascensions, et nous rentrons petit à petit dans le vif du sujet. Les kilomètres passent vite pour l’instant, l’objectif est la première base de vie…tout va très bien.
La nuit approche, avec mon super sac Salomon lab, meme pas besoin de s’arreter pour attraper le manteau, la frontale, tout est parfait…sauf que la pluie arrive !
Mariano me double dans une descente à ce moment là et me demande si ma frontale marche bien, il a l’air super bien.
Pour l’instant, quasi aucun arrêt aux stands, je suis encore seche, je reçois des coups de fil toutes les 5mn…j’ai le moral au TOP !
Une grande ascension arrive ensuite…je commence à être mouillée, à avoir froid. Des éclairs, du tonerre…je suis au beau milieu de la pampa, et je deteste les orages en montagne…. J’arrive an haut, et ayant presque l’onglée je decide de prendre mes gants dans mes poches…ils sont trempés ! je les range du coup, tire sur ma polaire et m’active un peu pour me rechauffer. Il ne pleut plus ! Une grande descente vers la base de vie, il est plus de 23h je rêve de me changer, j’ai froid et suis mouillée.
A la base de vie, je fais tout le necessaire, je me suis posée aux cuisines, et une femme très sympa s’occupe de moi, m’apporte à manger pendant que je change semelles, chaussettes, tee shirt… que c’est bon de repartir au chaud.
La nuit continue avec ses hauts et ses bas, enfin plutôt des bas, je passe de groupe en groupe pour ne pas rester seule, et ça marche bien, je trouve toujours quelqu’un avec qui partager un bout de chemin.
Les appels et textos commencent à se tarir. Daniel, Gwen, ma sœur, ma mére, Henri... il est 2h du matin et les kms deviennent trés longs. A chaque ravito, je demande du café…mais malheureusement il y en a pas, je me force à ne pas stopper trop longtemps pour ne pas me refroidir et bonant malant je continue à avancer.
Au petit matin, je fais un bout de route avec un V3 qi n’a plus de frontale et qui me suis comme mon ombre. Il a perdu ses piles…
C’est là que tout mon planning tombe à l’eau. Le temps pour rejoindre le refuge de Batére est interminable…je n’en peux plus d’attendre ce refuge. Je m’etais dit dans mon fort intérieur que je passerais la base de vie de Arles vers 9h-10h…j’en suis loin…
A présent, il fait jour, il fait beau, de plus en plus de coureurs de la grande traversée me doublent, j’ai passé la moitié, le moral revient.
J’ai Stéphanie qui doit me rejoindre à Arles sur Tech pour finir le parcours avec moi…Mag ne va pas tarder à passer…c’est plutôt pas mal. Je croise Jean-Marie au gîte de Batére. Aux petits soins, il me donne des nouvelles de chacun, JC est au telephone avec lui, j’attaque la descente soit disant de 1h vers la seconde base de vie à Arles. Stéphanie est venue à ma rencontre, que ça fait plaisir de la voir…je sais que à présent je ne suis plus seule.
A Arles, j’enlève mes chaussures et ça commence à piquer serieusement, je noke comme je l’ai fait à la première base de vie. Je croise Marko, Mag. Ils repartent ensemble devant nous. Ils sont frais, à l’aise, et moi je suis toujours dans l’attente de boire un café ;-) On croise Valérie ensuite, elle est au top.
Les kilomètres d’après sont longs, 800m de D+ à très faible allure, mais je ne recule paset chaque pas me rapproche de l’arrivée…
On ne fait que de discuter avec Stéphanie, et le temps passe vite. Nous croisons des coureurs qui pestent contre le kilometrage…je n’ai pas de montre mais c’est vrai que ça me reconforte dans l’idée que c’est long…
Mes pieds me font de plus en plus mal, à chaque changement d’inclinaison, ce sont de nouveaux frottements, de nouvelles ampoules qui eclatent, ce coup çi, ça pique serieusement. Je ne suis plus capable de courir dans les descentes…je sautille comme je peux sur le plat…la fin s’annonce difficile, surtout que dans mes estimations, il reste plus de 60 km.
Nous arrivons à la base de vie du Perthus, et j’avoue que j’ai plus trop envie de sourir, j’ai mal à la gorge, la tête en feu, j’ai mal aux pieds, et je suis un peu angoissée à l’idée d’enlever mes chaussures.
Comme aux autres bases de vie, je sors la nok,et pommade les pieds. J’ai le dessous des pieds insensibles et des plaques blanches qui en couvrent une grosse partie, je montre cela à des coureurs qui me conseillent d’aller voir les podos…mais je trouve cela inutile, car ils ne pourront pas grand-chose à mon avis. Je repars en me dandinant avec Stephanie…
Une petite micro sieste de 14 mn sur le bord d’un chemin, un café ! enfin ! je suis plutôt pas mal à nouveau.
Au col Ouillat, il y a tempete de vent et du brouillard et nous sommes deroutés sur un autre chemin. Pendant un très long moment sans balisage, nous suivons un chemin carrosé et Stephanie sort son GPS de rando. Elle connait le GR10 par cœur ! elle est hallucinante ! je la suis, je m’imagine si j’avais été seule dans cette situation…. on ne croise plus personne, pendant prés d’ 1heure…mais on avance, et elle a aucune inquietude sur le parcours qu’on suit. Quel bonheur qu’elle soit là ! toujours à me guetter dans le retro, à m’attendre…c’est vraiment chouette de compter sur elle !
Je ne connais pas bien Stéphanie, et au fil des discussions, je la découvre de plus en plus, elle me parle du Tor des géants, on parle de la vie…pourquoi fait-on ce genre de trucs….c’est très plaisant et entre deux hallucinations, ça fait passer le temps, et les kms…
Ensuite, on aura une descente super technique sur le dernier ravito. Il ne fait pas encore jour. Finalement, ce sera le lever du soleil avec vue sur la mer….sauf que il y avait pas de soleil en arrivant là-haut…je trotine pour descendre sur Argeles, on y sera vers 10h.
A l’arrivée, il y a Mag, Renaud, Jean-Marie qui attendent…quel bonheur ! Renaud s’occupe de tout ! navette ! podiums ! Il fait grand soleil…un bon petit repas en terasse avec Renaud, Marko, Valerie et Jean-Marie…un gros dodo dans la navette… 2 jours après presque plus mal aux pieds.
C’est une course magique comme tous les ultras avec l’alternance de bons et mauvais moments mais surtout la joie de l’avoir terminé.
RESULTATS :
- 42:53:55
- 65ème au scratch
- 1ère SEF
- 325 partants, 137 à l'arrivée.